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Artisans Bouchers
Obligations légales d’affichage des prix et de signalétique pour les boucheries en France
Les professionnels de la boucherie sont soumis à des règles strictes en matière d’information du consommateur. Une boucherie doit afficher clairement les prix de vente de ses produits, et fournir diverses informations obligatoires (origine des viandes, allergènes, consignes d’hygiène, etc.) au moyen de panneaux ou d’affichettes appropriés. Ne pas respecter ces obligations peut entraîner des sanctions. Dans cet article à destination des bouchers, nous détaillons les exigences légales françaises sur l’affichage des prix et la signalétique, avec des exemples concrets et des conseils pour rester conforme tout en conservant une présentation professionnelle.
Affichage des prix : règles générales et cas particuliers
Visibilité et clarté des prix : Tous les produits proposés à la vente en boucherie doivent avoir un prix affiché de manière lisible et compréhensible avant la conclusion de la vente.
Le prix peut être indiqué directement sur le produit (via une étiquette) ou sur un écriteau/Tableau des prix placé à proximité immédiate de celui-ci, y compris en vitrine s’il y est exposé
Le prix doit être exprimé en euros toutes taxes comprises (TTC) .
Le client ne doit jamais avoir à demander le prix : il doit pouvoir le connaître facilement par l’affichage, que ce soit en magasin, en ligne ou sur un marché.
En pratique, chaque viande présentée à la vente non préemballée doit avoir une étiquette ou un écriteau mentionnant le nom du morceau (dénomination et le prix au kilo
Par exemple, un écriteau pour une côte de bœuf indiquera « Côte de bœuf – 25 €/kg ». Si un article est vendu à la pièce (et non au poids), son prix unitaire TTC doit être affiché clairement (ex: « Poulet fermier entier – 15 € pièce »).
Lorsque c’est pertinent, indiquez aussi le prix au kilo à titre informatif pour le client. En effet, même si la vente se fait à la pièce, mentionner le prix au kg peut éviter de tromper sur le rapport poids/prix. Dans tous les cas, si le prix final d’un produit ne peut être déterminé à l’avance (par exemple viande à découper), le mode de calcul doit être explicité au client (en l’occurrence le prix au kilo sert de référence.
En cas de promotion ou réduction de prix, la loi vous oblige à indiquer clairement le nouveau prix réduit ainsi que le prix de référence antérieur. Le prix de référence doit correspondre au prix le plus bas pratiqué au cours des 30 jours précédents pour éviter les faux rabais.
Par exemple, si vous faites une remise sur des merguez habituellement vendues 12 €/kg, l’étiquette promotionnelle pourrait afficher « 10 €/kg (au lieu de 12 €) ». Vous pouvez également signaler la réduction par un pourcentage (« –15% ») mais dans ce cas assurez-vous que le prix d’origine est affiché à proximité ou barré sur l’étiquette.
Exactitude et conformité du prix affiché : Le prix facturé en caisse doit correspondre strictement au prix affiché sur le produit ou le panneau. Il est interdit de facturer un montant différent de celui annoncé, même en cas d’erreur d’étiquetage. Une bonne pratique est de vérifier régulièrement que vos étiquettes en vitrine correspondent à votre grille tarifaire en caisse, surtout après toute modification de prix. En cas de différence constatée lors d’un contrôle, vous vous exposez à des sanctions pour pratique commerciale trompeuse.
Mentions spécifiques sur les étiquettes de viande : Certaines précisions doivent figurer sur l’étiquetage lorsque cela s’applique. Par exemple, si un morceau est vendu avec os, la mention « avec os » doit apparaître dans la dénomination du produit si l’absence de cette indication est de nature à induire le consommateur en erreur
En d’autres termes, ne laissez pas croire qu’il s’agit de poids de viande désossée si le prix inclut l’os. Cette règle de bon sens évite les malentendus sur le rendement du produit. De même, pour la viande hachée préparée à la demande, il est recommandé d’indiquer au client une mention du type « Viande hachée préparée à la minute – à consommer sous 24h » pour des raisons sanitaires, même si ce n’est pas un affichage légal obligatoire, c’est une recommandation professionnelle appréciée.
Panneaux obligatoires d’information dans une boucherie
Au-delà des prix, plusieurs informations doivent être portées à la connaissance des clients au moyen d’affichages spécifiques en boutique. Voici les principaux panneaux et affiches obligatoires en boucherie :
Affichage de l’origine des viandes
Depuis plus de 20 ans, la traçabilité de la viande est encadrée par la réglementation européenne et française. Il est obligatoire pour un boucher d’afficher l’origine de chacune des viandes de boucherie vendues dans sa boutique
Cette obligation, renforcée par la loi du 10 juin 2020 relative à la transparence des informations alimentaires, s’applique à toutes les espèces couramment vendues en boucherie : bœuf (viande bovine), veau, agneau/mouton (ovin), chèvre (caprin), porc (porcin) et volaille. Concrètement, pour chaque type de viande, vous devez indiquer le pays de naissance, le pays d’élevage et le pays d’abattage des animaux
Ces informations peuvent être regroupées sur un tableau récapitulatif ou figurées sur les étiquettes individuelles des produits, mais dans la pratique on utilise souvent un tableau d’affichage spécifique pour la provenance.
Support et format : L’usage courant est d’avoir un panneau Plexiglas ou une affiche plastifiée intitulée par exemple « Origine des viandes », visible par la clientèle, où sont listées par espèce les origines. Par exemple : “Bœuf : né, élevé et abattu en France ; Veau : né en France, élevé en Espagne, abattu en France ; Agneau : né, élevé, abattu en Nouvelle-Zélande ; Porc : né, élevé, abattu en France”, etc. Chaque filière doit y être représentée clairement et de manière lisible et visible pour le public, car il est à noter que : toutes les boucheries doivent indiquer l’origine détaillée bovine depuis 2002.
Si toutes vos viandes sont d’origine France, vous pouvez l’indiquer de façon globale (et éventuellement valoriser cela par un logo « Viande Bovine Française » par exemple). En revanche, en cas d’origines variées selon les arrivages, la mise à jour régulière du tableau est indispensable ou un affichage avec viandes U.E suffit
Catégories et mentions associées : En plus du pays d’origine, certaines mentions liées à la catégorie de l’animal peuvent être obligatoires. Par exemple, la dénomination « veau » ne peut être utilisée que pour des bovins âgés de 8 mois ou moins, et doit être accompagnée de la mention « Âge à l’abattage : 8 mois au plus »
. Assurez-vous donc que vos affichages distinguant veau et jeune bovin respectent cette règle (cette mention peut figurer sur le tableau des origines ou sur l’étiquette prix des morceaux de veau). De même, dans le cas du bœuf, la catégorie (taureau, génisse, vache, etc.) et éventuellement le type racial (race à viande, race laitière…) font partie des informations de traçabilité qui peuvent être communiquées. Ce n’est pas forcément une obligation d’affichage sur un panneau grand public, mais les informations doivent être disponibles si le client les demande. Beaucoup de bouchers affichent volontairement la race de l’animal (ex : Charolaise, Limousine, Blonde d’aquitaine) pour valoriser le produit, bien que cela ne soit pas imposé par la loi – c’est une démarche qualitative bienvenue
Sanctions en cas d’absence d’affichage d’origine : Ne pas respecter l’obligation d’affichage de la provenance des viandes est passible d’une amende. Il s’agit d’une contravention de 3ᵉ classe qui peut entraîner une amende forfaitaire jusqu’à 2 250 € pour une entreprise
Des contrôles de la DGCCRF sont régulièrement effectués sur ce point ; en 2022 par exemple, ils ont relevé qu’un tiers des établissements présentaient des anomalies de traçabilité ou un affichage d’origine insuffisant. Il est donc crucial de mettre à jour et de bien positionner votre tableau d’origines de viandes. C’est non seulement une obligation légale, mais aussi un gage de transparence envers votre clientèle, de plus en plus attentive à la provenance des produits.
Affichage des allergènes
La réglementation européenne (règlement INCO n°1169/2011) impose depuis 2014 d’informer les consommateurs sur la présence des allergènes majeurs dans les denrées alimentaires, y compris celles vendues non préemballées en commerce de détail. En boucherie-charcuterie, vous devez donc mettre à disposition du public la liste des allergènes contenus dans vos produits élaborés (préparations, marinades, farces, charcuteries maison, etc.) Cette information peut être fournie sur un support écrit consultable librement sans que le client ait à en faire la demande
En pratique, comment s’y prendre ? Il n’est pas nécessaire de surcharger chaque petite étiquette de vitrine avec les allergènes, ce qui nuirait à la lisibilité. La méthode recommandée est d’avoir une affichette ou un classeur à disposition, signalé par un écriteau du type « Information Allergènes : liste des allergènes présents dans nos produits disponible ici ». Par exemple, un classeur rangé près de la caisse ou sur le comptoir, contenant pour chaque préparation la liste des 14 allergènes réglementaires (gluten, œufs, arachides, soja, lait, fruits à coque, poisson, crustacés, mollusques, céleri, moutarde, sésame, lupin, sulfites)
avec une indication claire des allergènes présents (case cochée, texte en gras, etc.). Le client allergique ou intolérant doit pouvoir consulter cette liste facilement. Certains bouchers choisissent d’afficher un tableau récapitulatif en salle : par exemple, une affiche plastifiée énumérant les produits (saucisse de Toulouse, merguez, cordon-bleu maison, etc.) en ligne et les allergènes en colonne, avec des marques pour signaler ceux contenus dans chaque produit. L’essentiel est que l’information soit accessible et exacte.
Attention, simplement écrire « Allergènes : renseignements disponibles sur demande » pourrait ne pas suffire strictement vis-à-vis de la réglementation, car le texte prévoit une mise à disposition sans demande expresse du client. Toutefois, en pratique les agents de contrôle admettent souvent cette formule à condition que le personnel soit capable de fournir immédiatement le détail au client. Par précaution, il est préférable d’afficher explicitement la liste ou au minimum de rendre le classeur très visible. Cela témoigne de votre sérieux sur la sécurité alimentaire.
Exemple concret : vous vendez des marinades ou des plats traiteur (ex: paella, couscous) à la boucherie. Sur une affichette près du rayon traiteur, indiquez : « Allergènes : certains de nos produits contiennent des allergènes majeurs (gluten, œuf, fruits à coque, etc.). La liste détaillée des allergènes par produit est consultable dans le classeur à disposition du public. ». De même, sur vos étiquettes de pâtés ou saucissons maison, vous pouvez ajouter une mention discrète type « Allergènes : voir tableau » renvoyant à cette liste générale.
En procédant ainsi, vous répondez à l’obligation légale tout en gardant une présentation épurée de vos étals. N’oubliez pas de mettre à jour ce document dès que vous introduisez une nouvelle recette ou un nouvel ingrédient allergène dans une préparation. En interne, sensibilisez bien vos employés à cette liste pour qu’ils guident efficacement les clients qui poseraient des questions (par exemple, un client demandant « ce boudin contient-il du lait ? » doit obtenir une réponse immédiate et fiable).
Autres affichages obligatoires (hygiène et sécurité)
Certaines affiches standard doivent figurer dans tout commerce de bouche pour des raisons d’hygiène publique ou de sécurité. En boucherie, veillez notamment aux points suivants :
Interdiction de fumer et de vapoter :
Il est strictement interdit de fumer dans les établissements recevant du public et les lieux de travail. Vous devez obligatoirement apposer une affichette “Interdiction de fumer et de vapoter” à l’entrée de votre boucherie ou dans un endroit bien visible pour la clientèle et le personnel
. Généralement, un pictogramme officiel sur fond blanc avec la cigarette barrée et la mention de l’interdiction suffit (des autocollants au format A5 sont souvent fournis dans les kits d’affichage obligatoires). Assurez-vous qu’il y en ait au moins un, idéalement sur la porte d’entrée.
Accès des animaux :
Par mesure d’hygiène, les animaux de compagnie ne sont pas admis dans les locaux où sont manipulés des aliments non emballés. Il est recommandé d’afficher à l’entrée un pictogramme “Chiens interdits (sauf chiens guide)” pour informer la clientèle que, même tenus en laisse ou dans les bras, les animaux ne peuvent entrer. Cette mention, bien que relevant plus du règlement sanitaire départemental que d’une obligation d’affichage généralisée, est fortement conseillée pour vous couvrir en cas de litige et pour appuyer poliment votre refus si un client tente d’entrer avec un animal. Une affichette A4 avec un visuel clair (chien barré) placée sur la vitrine ou la porte d’entrée est suffisante.
Règles d’hygiène internes :
Bien que cela ne concerne pas directement le public, sachez que dans votre laboratoire de préparation certaines instructions doivent être affichées également pour le personnel (plan de nettoyage-désinfection, consignes de lavage des mains près des lave-mains, etc
Ceci relève du plan de maîtrise sanitaire et de la réglementation du travail. Même si le consommateur ne voit pas ces affiches “cachées” en arrière-boutique, elles sont obligatoires pour vous (et un inspecteur vétérinaire ou de la DDPP vérifiera leur présence). Veillez donc à avoir, par exemple, l’instruction de lavage des mains affichée au-dessus de chaque lavabo professionnel, etc. En boutique, ces éléments ne sont pas visibles, mais un commerce bien tenu se reconnaît aussi à la rigueur appliquée en cuisine et laboratoire
